Dominique Leone, président de Mons: "sans un geste fort de la Ville, j'arrête !"

Leone a rencontré les supporters

Une semaine après sa décision d'abandonner la présidence du club du RAEC Mons si le stade montois n'est pas terminé par la ville de Mons, Dominique Leone a rencontré plus de 200 supporters inquiets mardi soir.

L'ultimatum lancé à la Ville de Mons il y a une semaine par le président Dominique Leone quant aux perspectives de finition du stade est resté, selon le président montois, sans réaction. "Même pas un coup de fil," a indiqué Dominique Leone. "Je ne vois aucune perspective, aucun projet et, dans ces conditions, je ne peux plus continuer à boucher les trous financiers."

Dominique Leone a donc réaffirmé devant les supporters montois, inquiets quant au sort sportif de leur club mais solidaires de leur président, sa décision de se retirer au terme de la saison, sans geste significatif de la Ville. "Je ne me vois pas relancer le club, même s'il doit évoluer en division 2 la saison prochaine, sans perspectives. Mais je suis prêt à signer une convention avec la ville, si elle était proposée, pour assurer la finition du stade aux normes européennes."

Les play-offs 3 commenceront dans cinq semaines pour le club de Mons, actuel dernier de la D1. L'objectif des dirigeants montois est de retrouver dès que possible une équipe type. "J'espère évidemment que le club se maintiendra," a indiqué Dominique Leone. "Je suis convaincu qu'il faut s'y stabiliser, mais cela me semble impossible sans infrastructures adéquates."

Leone: «J'ai été piégé par Di Rupo»

Le président de Mons assume ses responsabilités mais rend la monnaie de la pièce après avoir dépensé 13 millions d’euros : l’heure est grave.

Dominique Leone en a marre de banquer seul. « J’ai longtemps cru au projet, à la volonté de cette entité de se doter d’un outil à la page. Aujourd’hui, si tout était à refaire, je ne me lancerais plus dans une telle aventure. J’ai été piégé, et bien piégé... J’aime cette ville, dont je suis un acteur économique important, et évidemment l’Albert. La situation est difficile.

Sportivement, c’est une saison ratée, mais nous ferons le maximum pour rester en D1 via les PO3 et le tour final. Je suis venu à l’Albert il y a 26 ans, du temps où Elio Di Rupo était président. Il y a 13 ans, j’ai donné un coup de main à l’ancien bourgmestre, Maurice Lafosse, qui présidait l’Albert. Il y avait de l’eau dans le gaz entre Lafosse et le nouveau patron de l’hôtel de ville, Elio Di Rupo."

" Ce dernier ne supportait pas que Lafosse soit présent dans la presse sportive, grâce à l’Albert, et en profite pour régler ses comptes avec les nouvelles autorités politiques montoises. Di Rupo a réuni les administrateurs. Il nous a demandé de dégager Lafosse ou il coupait les vivres."

"Lafosse a été écarté de son poste à l’Albert où il y a eu l’élection d’un nouveau président. J’ai récolté bien plus de voix que l’ancien gardien de but Maurice Jamin, soutenu par Lafosse, qui s’est fâché. En 2014, son fils est Echevin des Sports mais ne m’aime pas, car j’ai battu son père, Elio Di Rupo, lui, est Premier ministre, et moi je dépense plus d’un million d’euros par an pour un club doté d’un demi stade. Seul, je ne peux pas y arriver. C’est pour cela que je le dis : j’ai été piégé par Di Rupo"

" On ne voit pas d’édiles locaux, régionaux, ou nationaux au Tondreau. Le bourgmestre faisant fonction n’a plus été signalé chez nous depuis belle lurette. Cette absence tranche par rapport à ce que je vois dans d’autres stades. A Anderlecht et au Club Bruges, entre autres, je croise tous les décideurs de ces régions. Au Standard, il suffit que Roland Duchâtelet déclare qu’il va vendre le club pour que monde politique se lève comme un seul homme pour trouver des repreneurs. (...)"

" Ici, j’ai beau indiquer du doigt la gravité des problèmes, personne ne bouge Mons doit avoir le seul stade au monde inachevé depuis tant d’années. Et dire qu’un ancien président de notre club est Premier ministre. Quand il faut des subsides pour une gare, un théâtre ou un festival du film d’amour, on trouve... Je ne peux pas gagner et recevoir du monde dans un stade pareil. Il faut être aveugle pour ne pas le voir. (...) Gand a construit sa nouvelle arène en huit mois. A Mons, j’attends la fin des travaux depuis des années. Si ça ne bouge pas rapidement, je dégage, c’est fini et la source financière se tarira. Je suis condamné à mort dans ce stade. "

" Je peux ouvrir le capital, discuter le prix d’un apport, d’une reprise. Mais, si cela se présente, je ne donnerai pas le club pour rien : je préférerai le mettre en faillite. Je ne vais pas offrir le club à des opportunistes qui « fanfaronneront » avec mon argent et le soutien de la Ville. Où étaient-ils quand Mons est monté pour la première fois en D1 ?"

RAEC Mons: la Ville se dit prête à renouer le dialogue avec Dominique Leone et l'Albert

Nicolas Martin et plusieurs autres membres du Collège communal de la Ville de Mons ont rencontré les responsables des groupes de supporters de l’Albert ce lundi soir. Le bourgmestre f.f. a fait le point sur le dossier lié à la rénovation du stade Tondreau et sur les relations qu’entretiennent la Ville et le club de foot. Il s’est engagé à reprendre contact avec Dominique Leone dans les prochains jours et à faire un geste fort, mais à certaines conditions.

Plus de 200 supporters de l’Albert, dont Saussez, De Belder, Mununga et Soumah, se sont présentés devant l’hôtel de ville sur la Grand-Place de Mons, ce lundi soir. Ils avaient l’intention de perturber le conseil communal, histoire de pousser les politiques à se bouger dans le dossier lié à la rénovation du stade Tondreau. Finalement, Nicolas Martin et certains membres du Collège communal ont reçu les responsables des groupes de supporters. L’entretien a duré près d’1h30 et a permis aux fans montois d’être entendus et d’y voir plus clair. La Ville de Mons regrette certaines paroles des dirigeants de l’Albert, notamment lors de la sortie médiatique du président Leone voici deux semaines. Elle s’engage à renouer le dialogue et à repartir sur de bonnes bases, mais elle pose aussi certaines conditions : elle veut des garanties sur le matricule et veut s’assurer que Dominique Leone ne le cédera pas, elle veut s’impliquer dans l’ASBL du club et surtout que les subsides de la Région Wallonne soient enfin officialisés. Elle a aussi précisé que la direction de Mons devra faire un choix car la T3 et la T4 ne pourraient être rénovées en même temps.