Pour Michou, La Coupe est pleine. Ou vide…

À la veille des 30 ans de son bistrot mauve et blanc, Michou pleure l’improbable départ de ses champions vers Grimbergen


Bardée de mauve et blanc du matin au soir et du soir au matin, Michou a mis sa passion au service de La Coupe, son bistrot face au stade. Dimanche, en ce 15 décembre, elle aurait dû fêter les 30 piges de son rez du 52 avenue Théo Verbeeck. Mais, mais…

"Je ne ferai rien !", garantissait la bistrotière, jeudi après-midi, frappée par un coup de blues dont l’on devine l’origine, en moins de temps qu’il ne faut pour dribbler : la perspective de l’envolée de ses chères couleurs à Grimbergen.

"En trente ans, j’en ai vu défiler des journalistes. Il y a quelques années, l’un d’eux m’avait alerté d’un possible départ. On a parlé de la Petite Île, de Schaerbeek-Formation. De l’agrandissement -j’en avais vu les maquettes- du stade Vanden Stock aussi. Cela m’avait fait un choc. Puis, on a dit que ce n’était pas possible", se souvient la petite dame, chamboulée comme jamais à l’idée d’un parc Astrid vidé de sa substance footballistique. Et Michou (Dehenain, de son nom de famille) de ne pas se voiler la face : "Je suis en dépression, je pleure pour un rien et ça se répercute sur ma santé."

Bien que chagrinée, Michou (67 ans) n’en perd pas sa lucidité; maîtrise les enjeux d’une délocalisation du Sporting vers le parking C du Heysel. "On parle d’un stade de 50.000 places", s’étonne-t-elle. "Anderlecht espère 30.000 abonnés, alors qu’aujourd’hui, il n’en a que 20.000. En avoir 50 % en plus ? Je suis très sceptique. Ils oublient que les plus de 40 ans ne prendront plus un abonnement…"

Pour les 10 ans de La Coupe, Micky, sa maman, lui avait offert un magnifique trophée, symbole géant de moult escapades européennes (Ah ! L’épopée à Kiev, en 1992…), des souvenirs, là de Luis Oliveira ("Je l’ai hébergé !"), ici de Robby Rensenbrink ou Juan Lozano, etc.

Mais depuis, "la crise" a fait mal. "Après, j’ai perdu les recettes de la salle Simonet. Puis, l’école des jeunes a filé à Neerpede. Aujourd’hui, les matches, c’est 90 à 95 % de ma recette. Alors, si le club s’en va…" Bien qu’amère, la patronne ne renie pas ses idoles - "À l’époque, les joueurs, c’était des copains; ils ne se prenaient pas pour des vedettes alors qu’ils en étaient !". Mais si elle s’écoutait, elle ferait un grand feu avec ses fanions, écharpes, etc. Où ? Dans le rond central de son terrain fétiche.